Présentation de la thérapie EMDR

La thérapie EMDR (Eye Movement Desensitization and Reprocessing), en français « Désensibilisation et Retraitement par les Mouvements Oculaires », est une approche psychothérapeutique développée par la psychologue américaine Francine Shapiro. Elle aurait découvert les effets bénéfiques des mouvements oculaires en 1979, alors qu’elle luttait contre un cancer. Lors d’une promenade dans un parc, elle remarqua que ses yeux effectuaient des mouvements saccadés et qu’au bout d’une trentaine de minutes, ses pensées négatives s’étaient apaisées. Intriguée, elle demanda ensuite à plusieurs de ses connaissances de penser à un souvenir désagréable tout en effectuant volontairement des mouvements oculaires. La majorité d’entre elles rapportèrent un soulagement émotionnel. À la suite de ces observations, Francine Shapiro abandonna ses études de lettres pour entreprendre un master en psychologie, spécialisé notamment en thérapie cognitivo-comportementale. Dès 1986, elle commença à étudier scientifiquement les effets de cette méthode, qui deviendra l’EMDR. Aujourd’hui, cette technique est reconnue à l’échelle internationale pour le traitement des troubles liés aux traumatismes psychiques, en particulier le trouble de stress post-traumatique (TSPT), mais aussi d’autres formes de souffrance psychologique. 

La théorie postule que le cerveau possède un mécanisme adaptatif qui, à l’image de la peau se régénérant après une blessure, permet de « guérir » les émotions perturbatrices grâce aux mouvements oculaires survenant durant le sommeil paradoxal, également appelé phase de rêve. Ce mécanisme, présent chez tous les mammifères, est connu sous le nom de Traitement Adaptatif de l’Information ou modèle TAI.

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Objectifs et indications

L’objectif principal de l’EMDR est d’aider les patients à traiter des souvenirs traumatiques ou des événements émotionnellement perturbants qui continuent de provoquer de la souffrance, parfois des années après les faits. La méthode est utilisée dans le cadre de :

  • traumatismes uniques (accidents, agressions, catastrophes naturelles, etc.) ;

  • traumatismes complexes (violences répétées, abus, négligence dans l’enfance…) ;

  • troubles anxieux, phobies, deuils, dépression, douleurs chroniques, etc.

Méthodologie

La thérapie repose sur un protocole structuré en plusieurs étapes. Après une phase de préparation, le patient est invité à se concentrer sur un souvenir perturbant, en se focalisant sur l’image représentant pour lui le moment le plus difficile. À cette image sont associés une cognition négative, telle que « je suis vulnérable », et une cognition positive vers laquelle il souhaite tendre, par exemple « je suis en sécurité ». Le patient évalue ensuite le degré de crédibilité qu’il accorde à cette cognition positive, ainsi que l’intensité de l’émotion ressentie, le niveau de perturbation associé au souvenir, et les sensations corporelles qui l’accompagnent. On reconnaîtra ici les principes de la restructuration cognitive issus de la thérapie cognitive.

On procède ensuite à plusieurs séries de stimulations sensorielles bilatérales (séparées par des pauses), le plus souvent sous forme de mouvements oculaires de gauche à droite, mais aussi parfois par des sons alternés ou des tapotements successifs de chaque côté du corps. Dans un premier temps, les émotions et sensations corporelles peuvent s’intensifier, avant de diminuer progressivement jusqu’à s’éteindre complètement. On reconnaît ici les fondements de la désensibilisation, issus des approches comportementales.

Ce processus facilite le traitement adaptatif de l’information – le mécanisme naturel par lequel le cerveau « digère » les expériences vécues. L’EMDR permet ainsi de désensibiliser la charge émotionnelle liée au souvenir, de le restructurer cognitivement et de l’ancrer en mémoire de manière plus apaisée et désaffectée.

Efficacité et reconnaissance

L’EMDR est une approche scientifiquement validée, recommandée par de nombreuses instances internationales, telles que l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’INSERM ou la Haute Autorité de Santé (HAS) en France. Elle est pratiquée par des professionnels spécifiquement formés et encadrés.

Conclusion

La thérapie EMDR constitue aujourd’hui une méthode efficace, non médicamenteuse, et respectueuse du rythme du patient, pour soulager les souffrances liées aux traumatismes psychiques. Elle offre une alternative précieuse à d’autres formes de thérapies, notamment pour les personnes ayant du mal à verbaliser leur vécu.